La Langue au Cameroun:

Une Perspective Historique sur un Pays Africain Francophone

par Elizabeth Khalil

Introduction
Le Cameroun avant l’ère de colonisation
Les années allemandes
Une transition brusque
Le système scolaire
Langue et identité
L'indépendance
L'avenir

Les notes

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   Le Cameroun, situé à l’ouest de l’Afrique, fait partie du réseau des pays africains francophones. Ancien protectorat allemand, et ancienne colonie française et anglaise, le pays a gardé le legs linguistique que les colonisateurs ont laissé. Il est difficile de parler exclusivement de la langue française quand on parle du Cameroun — non seulement à cause de son histoire coloniale, mais aussi parce que c’est un pays dont les citoyens parlent plus de 286 autres langues. 1 La plupart de ces langues, pourtant, sont maintenant eclipsées par les deux langues officielles du pays: le français et l’anglais.

    Qu’est-ce que le rapport entre la situation linguistique d’aujourd’hui dans le Cameroun et l’histoire du pays? Peut-être qu’il faut examiner le visage historique du pays pour arriver à une solution et une compréhension de son visage linguistique.
 

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Le Cameroun avant l’ère de colonisation
 
 

    Il est presque impossible d’aborder le sujet de la société du Cameroun sans examiner la diversité de ses langues. Avant que les européens n’y sont allés et y ont introduit leurs langues, une varieté immense de langues existait dans la région. C’est toujours le cas aujourd’hui: on parle l’abo, l’afade, le boulou, l’isu, le mboum, le yassa…. On peut continuer presque à l’infini en nommant les langues différentes. 2

    Comment ces groupes linguistiques ont-ils été influés par des agents externes — jusqu’au point où deux langues étrangères sont devenues les langues officielles du pays? L’influence des étrangers sur le visage linguistique du Cameroun n’est pas venue seulement des colonisateurs. Avant — et pendant — l’ère de colonisation, plusieurs missionaires sont allés au Cameroun pour évangéliser les gens là.

    Les missionaires ont exercé une influence considérable à l’usage des langues, et pas toujours au détriment des langues indigènes. En fait, ils ont souvent renforcé l’usage des langues locales parce que leur but a été simplement d’évangéliser la population, et pas de leur faire parler une certaine langue. Les missionaires ont donc traduisé les textes réligieux en les langues comprises par la majorité du peuple local. En faisant ça, ils ont souvent créé des versions écrites des langues qui, avant ça, étaient exclusivement orales. Ces missionaires ne se sont intéressés point à répandre leurs propres langues, à moins de faire ça les aiderait répandre leur message évangelique.

    Tous les étrangers au Cameroun ne teniraient pas la même attitude.
 

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Les années allemandes: l’impérialisme linguistique commence
 
 

    Le Cameroun a reçu son indépendance au 1er janvier 1960. Avant cette année-là s’est passée une séquence du gouvernment par des puissances étrangères — l’Allemagne, la France et l’Angleterre. Cette époque d’occupation a commencé en 1884, quand les Allemands ont annexé le Cameroun avec un nombre des autres territoires en Afrique de l’ouest. À la Conference de Berlin en 1884-5, les puissances européennes ont accepté officiellement le status de <<Kamerun>> comme protectorat de l’Allemagne.

    Cette époque a différé bien de l’ère avant concernant la langue. Sous le règne allemand, la langue allemande est devenue la langue principale pour toutes les affaires officielles. Une conférence sur l’éducation en Cameroun, présidé par le gouverneur, y a eu lieu en 1907. Là on a enuncié la politique officielle linguistique de Cameroun. Notamment, on a décidé de limiter, autant que possible, l’usage des langues vernaculaires hors de leurs régions natales. 3

    La résistance des Allemands à toute influence des autres langues s’est étendue à l’entrée des étrangers français dans leur système. Quand un groupe des missionaires français catholiques ont demandé la permission de travailler au Cameroun, par exemple, le gouvernement à Berlin a refusé. Quand des missionaires catholiques sont enfin entrés dans le Cameroun, ils étaient des catholiques allemands, les Pallotiners de Limburg.4

    L’influence de l’anglais a diminué pendant ce temps aussi, particulièrement après le départ des missionaires anglais. Bien des Anglais, comme les baptistes de Londres, qui parlaient et enseignaient l’anglais et le douala, ont quitté le pays après l’annexation allemand. D’autres nouveaux missionaires protestants — tous locuteurs d’allemand — sont venus au Cameroun. Beaucoup de nouveaux missionaires ont été des allemands de la mission Basel.5 Ils ont établi des écoles et des églises dans lesquelles on a parlé allemand et douala.

    Par conséquent, pendant les années d’occupation allemand, l’allemand est devenu la langue dominante.
 

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Une transition brusque
 
 

    L’invasion du Cameroun par la France et l’Angleterre au commencement de la première guerre mondiale a marqué le fin de la dominance allemande du pays.6 Dès le moment en 1916 où les Allemands ont quitté le Cameroun, le pays a été partagée par les Anglais et les Français. Le traité de Versailles a rendu officielle cette transition, mais à ce moment-là ce n’était qu’une formalité. Le Cameroun a déjà subi un changement radical.

    Soudain, les écoles au Cameroun n’apprenaient plus l’allemand à leurs élèves. Toute chose allemande est devenue anglaise ou française. Le gouvernment coloniale de la partie contrôlée par les anglais a déclaré l’anglais comme langue officielle, et celui de la partie française a établi le français comme langue officielle.

    Puisque ce n’était pas une transition graduelle, il y a eu une lacune linguistique entre les locuteurs des langues différentes: les nouveaux maîtres coloniaux et les gens indigènes qui avaient appris, pendant l’occupation, l’allemand. Tout à coup le Cameroun s’est composé des locuteurs d’allemand et plusieurs langues locales, et des locuteurs de français et anglais.

    Le <<pidgin>> a comblé le vide. Pendant l’ère allemand, le pidgin était devenu une sorte de lingua franca entre les gens qui ne parlaient pas la même langue.7 Cette langue a eu certains avantages contre, par exemple, le français — notamment son système grammatical plus simple, et donc plus facile à apprendre. Les nouveaux maîtres anglais n’ont pas opposé violemment l’emploi des langues locales, ou le pidgin non plus. Pour les Français, pourtant, l’emploi de cette quasi-langue — ou plutôt cette mélange de langues — a constitué un assaut contre leur plan de répandre la langue française. Pour mettre ce plan-là à execution, les Français devraient éliminer cet obstacle.
 

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Le système scolaire — un outil pour promulguer le français
 
 

    Une fois situés en position de puissance, les Français n’ont pas perdu de temps à établir un plan de répandre leur langue à travers tout le Cameroun. Avec un zèle missionaire, ils ont commencé à créer des institutions pour atteindre ce but. Le gouvernement colonial français a mis davantage de moyens à la disposition du Cameroun pour la scholarisation qu’à la Afrique equatoriale française entière.8

    Le plan a été aidé par le fait que le régime français était très fort. Le gouvernement français a reglé directement de Paris, et non par un gouverneur-général comme à Dakar.9 La nouvelle capitale, à Yaoundé, a été le siège du commissaire français. Le système français ont souligné son autorité.

    Le plan linguistique pendant l’époque de colonisation a été délibéré et calculé, comme dit Rudolf Stumpf dans son livre <<La politique linguistique au Cameroun de 1884 à 1960>>:

    La conception d’éducation n’était pas laissée au hasard des circonstances. Deux aspects y dominaient, d’un côté apporter la <<civilisation>> et d’autre part répandre la langue française.10
 
 

    Une sentiment de devoir a poussé l’approche français à l’instruction — une sentiment qui paraît absente de l’attitude allemand. L’attitude allemand semble à ce sujet un peu plus pratique, alors que celle des Français implique des questions plus personelles. <<La nécessité de propager rapidement la langue française fut aussi accentué par trois raisons: patriotique, utilitaire et humanitaire>> , dit Stumpf.11

    Il y a néanmoins des personnes dans la métropole française qui ont opposé l’introduction du français dans les écoles des colonies. Leur argument a resté sur le doute de la capacité des gens indigènes de comprendre et retenir les principes de la langue française.12

    Cette opinion n’ont pas amassé beaucoup de support, pourtant. Un plus grand nombre des Français ont considéré le plus important but l’essai de combattre l’accroississement de l’usage de pidgin et la remplacer avec un usage uniforme du français.
 

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Langue et identité
 
 

    Le désir d’établir le français dans la colonie a été lié au désir d’établir une identité cohésive parmi les indigènes — une identité comme gens colonisés et regnés par les Français.

    Établir une telle identité a été une tâche assez difficile. Le pays lui-même a été une construction extrèmement artificielle, comme le reste du plan colonial, dans lequel <<nations>> et <<pays>> ont été construits des populations diverses.

    La langue avait été un agent d’identité depuis les jours les plus tôts de Cameroun. Bien sûr, chaque groupe qui parlait son propre langue a eu la langue comme partie de leur identité — par exemple, dans le Cameroun du nord, les Gbaya du région Mbere, un groupe qui constitue 65-70000 gens aujourd’hui.13 La mission protestante à ce siècle a influé sur la construction de la conscience collective des Gbaya, par renforcer leur propre mode de communication — leur langue.

    La Mission Sudanaise est arrivée à Mboula en 1924. Pendant quelques années, son enseignement de lire et écrire a été limité aux leçons bibliques. Mais un résultat important de cet enseignement a été la transformation de la langue des Gbaya en forme écrite. Les missionaires ne se sont servi pas d’habitude au francais — en fait ils ont hésité à établir des écoles francophones liées au système national français, de peur de divertir l’attention du travail évangélique.14

    Ce sont les missionaires protestantes qui ont maintenu une telle influence continuelle pendant l’occupation allemand et la guerre, et après la transition à la contrôle des Français et Anglais. La mission protestante a existé depuis 1885 au Cameroun. Quand le clergé allemand a été forcé à quitter le Cameroun au moment où les Allemands ont perdu le pays, on a permis aux presbytériens américains de rester au Cameroun parce qu’ils étaient américains.

    Les missionaires ont contribué à perpetuer l’usage et la légitimation des langues locales par établir des rapports entre les gens indigènes et eux. Les missionaires ont souvent travaillé avec les gens camerouniens, pas comme le systèmes français, qui n’a laissé participer que certaines d’entre eux. La mission protestante à Yaoundé, par exemple, a maintenu un personnel mixte, composé des personnes américains et indigènes.15
 

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Une <<Indépendance>>
 
 

    Le Cameroun a reçu son indépendance au 1er janvier 1960.

    Le mot <<indépendance>> est, peut-être, un peu ironique. Comme des autres anciennes colonies françaises, le gouvernment du Cameroun indépendant a gardé quelques éléments du système gouvernmental français dans son propre système. Le gouvernement camerounien a été composé de deux bureaucraties parallèles et distinctes. Le système des villes et représentation s’est ressemblé à celui de la France. Par exemple, on appelle les divisions d’une ville <<arrondissements>>, comme à Paris.16

    Plus que la structure du système, le legs le plus évident de la colonisation est la langue. Le choix d’établir le français comme une des deux langues officielles n’a pas été simplement une continuation irréfléchie de la politique coloniale. Il est, d’un point de vue, assez raisonnable d’adopter le français ou l’anglais. Aujourd’hui l’anglais occupe une place centrale dans le monde des affaires, de commerce, des relations internationales. C’est une sorte de lingua franca dans la communauté internationale. Le français joue un rôle semblable, surtout en Europe, Afrique et Asie.

    Dans la région dont le Cameroun fait partie, le français (et l’anglais aussi) se sert de langue commune entre les gens des pays différents, dont la plupart sont anciens colonies françaises ou anglaises. Le pays du Cameroun est bordé par Tchad, Congo, Guinea Équatorial, Gabon, Nigeria — pays où les citoyens parlent français ou anglais. Employer une de ces deux langues—mais surtout le francis — faciliterait des affaires entre le Cameroun et ses voisins.

    Cependant ce n’est pas seulement une question de commerce. Le gouvernement du Cameroun indépendant a dû adresser la même question que celle qui a affronté les gouvernements coloniaux: comment créer une identité cohérente et nationale.

    Peut-être qu’il n’est pas donc préférable d’établir une langue étrangère comme langue officielle, si l’on veut souligner une identité indépendante de l’ère de colonisation.

    Étant donné la diversité des langues du pays, pourtant, il serait difficile d’établir une langue indigène comme langue officielle. Comment choisir d’entre elles?

    Choisir une langue qui n’est pas très répandue peut aussi séquestrer un pays du reste du monde. Il est compréhensible de vouloir s’éloigner de la mémoire d’occupation par une puissance étrangère. Mais il y a des soucis pratiques aussi. C’est une question confronté au niveau individuel par bien des écrivains africains qui critique le système colonial. Écrire en une langue indigène, parlée par un petit nombre de gens, ou en français, une langue internationale et compris par beaucoup du monde <<cultivé>>? On doit décider entre rester fidèle à ses principes d’être indépendant du legs du colonialisme et présenter son travail à un public plus large.

    Le Cameroun developpe son propre oeuvre de littérature en français. L’ecrivain Kouam Tawa, par exemple, a gagné il y a deux ans le prix pour la littérature pour les enfants donné par l’association francophone ACCT. 17
 

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Le passé écrit le présent — et l’avenir?
 
 

    Quand on pense au Cameroun, on pense souvent à — ou en — la langue française. Ce n’est pas la seule langue qui a écrit l’histoire du Cameroun, une <<laboratoire vaste pour l’expérimentation linguistique>>.18 La façon dont la langue a été implementé et le rôle central qu’elle joue maintenant, pourtant, rend le français un aspect important dans la conscience camerounais. Le rôle de la langue dans la société camerounaise d’aujourd’hui continuera, sans doute, être influé par les événements concernant son rôle au passé.
 
 

Endnotes

1 CIA World Factbook.

2 Ibid.

3 H.O.H. Vernon-Jackson, Language, Schools, and Government on Cameroon (New York: Teachers College Press, Columbia University, 1967), 11-12.

4 Vernon-Jackson, 9.

5 Vernon-Jackson, 9.

6 Vernon-Jackson, 13.

7 Vernon-Jackson, 10.

8 Rudolf Stumpf, La politique linguistique au Cameroun de 1884 à 1960 (Berne: Editions Peter Lang, 1979), 80.

9 Vernon-Jackson, 13.

10 Stumpf, 80.

11 Stumpf, 81.

12 Stumpf, 81.

13 Philip Burnham, The Politics of Cultural Differencee (Edinburgh: Edinburgh University Press for the International African Institute, 1996),70.

14 Burnham, 86.

15 Stumpf, 87.

16 Burnham, 38.

17 "Cameroonian wins francophone children’s literature prize," 5 décembre 1997, Panafrican News Agency (sur Africa News Online, www.africanews.org).

18 Vernon-Jackson, viii.

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