La langue française en Nouvelle-Calédonie

par Patrick Hughes

Géographie
Historie et politique
Démographie
Economie
Langue française
Tensions contemporaines
Conclusion
Bibliographie

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    La Nouvelle-Calédonie reste une île mystérieuse et peu explorée pour beaucoup de hors la Francophonie. Cette île, dont l'histoire coloniale ressemble aux pays africains et pacifiques colonisés par la France, est une Territoire d'outre mer de la France; le pays qui a déterminé l'histoire et l'avenir de cette île. Quoique la relation avec la Métropole n'a guère était facile, la Nouvelle-Calédonie bénéficie de sa relation avec la France autant qu'elle bénéficie de ses ressources naturelles et sa location stratégique. Nous allons explorer cette île francophone, dès sa naissance comme une colonie pénale française à ses tension séparatistes contemporaines. En examinant l'histoire de la langue française, nous étudierons comment la langue française continue de jouer un rôle capital dans la vie politique et sociale de la Nouvelle-Calédonie. Comme nous analyserons, la Nouvelle-Calédonie est un Territoire français très actif: une puissance potentielle dans l'économie pacifique et une influence culturelle importante dans la Francophonie, cette île contient plus qu'au premier coup d'oeil.

Géographie

    La Nouvelle-Calédonie se situe dans le Pacifique Sud, à quelque 1 500 kms des côtes australiennes et 1 700 kms des côtes néo-zélandaises. Elle couvre, avec ses dépendances, une superficie d'environ 19 100 km2 et la Nouvelle-Calédonie compte une grande île montagneuse, la Grande-Terre et plusieurs d'autres petites îles qui l'entourent. Nouméa avec ses 56 000 habitants, est la seule grande agglomération du Territoire, et est naturellement le chef-lieu administratif (Turcotte, 1). Aujourd'hui la Nouvelle-Calédonie est considérée un paradis botanique puisque 80% de sa flore est unique. Elle possède également quelques espèces d'animaux dont le cagon, qui n'existent nulle part ailleurs. En addition, les récifs coralliens qui entourent l'île forme un immense lagon où l'on trouve une faune d'une étonnante diversité. Le climat de la Nouvelle-Calédonie est tempéré ou semi-tropical selon la saison.

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Historie et politique

    Malgré sa découverte par le navigateur James Cook en 1774, la Nouvelle-Calédonie ne suscita réellement l'intérêt des Européens qu'à partir des années 1840 avec le commerce du bois et le début de l'évangélisation des autochtones. En 1853, après une lutte d'influence entre la France et la Grande-Bretagne par missionnaires interposés, la Nouvelle-Calédonie fut finalement annexée par Napoléon III pour des raisons stratégiques. Napoléon III pensait que la Nouvelle-Calédonie apporterait trois bénéfices: elle servirait d'une base importante pour la communication maritime avec la Polynésie française, elle représentait un lien économique pour le commerce avec la Chine et le Japon et elle formerait une colonie de déportation pour la France métropolitaine (Turcotte, 1). Entre 1864 et 1896, des milliers de prisonniers politiques de la Commune de 1871 furent déportés tandis que dans le même temps s'amorçait la colonisation de peuplement aussi. Cependant, l'année 1878 fut marquée par l'insurrection canaque provoquée par la fixation des tribus sur des réserves et la spoliation de leurs terres au profit de colons européens: "Toute l'île se soulève alors contre les Blancs" (Nisbet, 12). Cette insurrection fut sévèrement réprimée et conduisit à un régime de ségrégation, de l'injustice et de répression qui ne fut aboli définitivement qu'en août 1945. La découverte du cuivre en 1890 a encore déséquilibré la situation avec l'arrivée des spéculateurs encouragés par la libre extraction. Les conflits entre les colons et les Mélanésiens avec la tension crée par la finance des mines divisaient le Territoire (Nisbet, 17).

    La Nouvelle-Calédonie a acquis le statut de Territoire français d'outre-mer (TOM) en 1956. Cependant, le statut actuel de l'île est défini par la loi du 28 décembre 1976 qui dit que la Nouvelle-Calédonie constitue, au sien de la République française, un Territoire d'outre-mer doté de la personnalité juridique et de l'autonomie financière. C'est-à-dire, les ressortissants possèdent la nationalité française et, à ce titre, ils participent à l'élection du président de la République, élisent deux députés à l'Assemblée nationale française et un sénateur (Turcotte, 2). Le Conseil de Gouvernement et l'Assemblée territoriale sont les deux institutions politiques du Territoire. Les membres du Conseil, dit conseilleurs de Gouvernement, sont chargés de l'administration des intérêts du Territoire. L'Assemblée territoriale règle par ses délibérations les affaires du Territoire, sous réserve des attributions conférées au Conseil du Gouvernement (Turcotte, 2).

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Démographie

    La population de la Nouvelle-Calédonie en 1997 est estimée à 200 000 habitants. Sa densité de population n'est actuelle que de 10.5% au km2, ce qui montre que l'île est peu densément peuplé en comparaison avec des autres DOM-TOM français; l'Ile Maurice se trouve à l'autre côté de la balance avec plus de 488 au km2 et la Martinique avec 290 au km2. La ville principale, Nouméa, a une population de 70 000 (Columbus Press). La population de l'île a un caractère multiracial très prononcé; la majorité de la population sont des Mélanésiens (41,7%) et des Européens (38,1%). Les Européens sont principalement des descendants des colons français qui se sont établis dans le Territoire au cours du 19e et au début du 20e siècles. Pourtant, depuis la fin du boum du nickel, à partir des années 1960, les retours en Métropole ont été plus nombreux que les arrivées (Turcotte, 7). Les Mélanésiens (ou Canaques) présentent une étonnante diversité puisqu'ils se répartissent entre 333 tribus et parlent près d'une trentaine de langues. Malheureusement, le traitement brutale des européens, et les épidémies ont eu des résultats négatifs sur cette population indigène qui est affligée par l'alcoolisme et le refus des femmes d'enfanter: "Entre 1887, date du premier recensement, et 1921, la population mélanésienne est passée de 42 000 à 27 000 individus..." (Turcotte, 7). Pourtant, grâce aux mouvement d'enseignement, l'action médicale et l'action religieuse, le taux de la population mélanésienne remontre aujourd'hui.

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Economie

    La Nouvelle-Calédonie possède un potentiel économique et des ressources que peuvent lui envier la plupart des pays et territoire du Pacifique Sud. Nous pouvons citer plusieurs exemples de son potentiel économique: ses possibilités d'immigration; ses potentiels agricoles et industriels à peine exploités, la présence d'instituts de recherche de haut niveau; le développement du tourisme; la reprise attendue du nickel dans les années 1980, et l'aide qu'apporte la Métropole à son développement économique et social. En plus, la Nouvelle Calédonie possède 35% des réserves mondiales connues du nickel; ceci explique bien pourquoi l'île est le troisième producteur de ce minéral après le Canada et la Russie. L'agriculture occupe présentement 30% des actifs mais représente à peine 7% du PNB (Turcotte, 12). En 1978, la France a proposé un plan de faire face à une récession économique tandis que pour stimuler l'économie. Cette plan conçu comme "Le projet de la France en Nouvelle-Calédonie" a proposé: "d'une part, de stimuler l'économie calédonienne en diversifiant et en valorisant les diverses ressources du Territoire, d'autre part, de favoriser le développement de chacune des communautés ethniques dans le cadre de la République française" (Turcotte, 12). Aujourd'hui, la Nouvelle-Calédonie bénéficie de plus de 4 milliards de francs de transferts financiers chaque année de l'hexagone (Saux, 2).

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Langue française

    C'était l'anglais qui arrivait comme la première langue européenne en Nouvelle-Calédonie en 1840 avec des missionnaires anglais. Près de l'Australie et de la Nouvelle Zélande, le territoire se situait dans une zone d'influence politique et culturelle anglo-saxonne. Les traces de cette influence de l'anglais se montrent jusqu'à nos jours avec des nombreux mots anglais désignant des objets nouveaux qui étaient introduits dans les langues mélanésiennes: "Ainsi en dehu (Lifou), farine se dit falawa (de flour), cuillère se dit sipun (de spoon) et magasin setroa (de store)" (Turcotte, 18)." Cette influence de l'anglais a été particuliarlement visible dans les Iles Loyauté ainsi que l'influence anglaise était moins dans les autres régions.

    L'implantation de français en Nouvelle-Calédonie a pris un chemin pareil à celui qui a été suivi dans des autres colonies françaises. Sous l'influence française, un pidgin français, mélange de bichelamar et de petit nègre français, a été pratiqué jusqu'au début du 20e siècle avant d'être supplanté progressivement par le français. Pourtant, comme les pays francophones africains, le français en Nouvelle-Calédonie sert d'un outil important pour lier des langues diverses, et des dialectes variés du pays:

    Aujourd'hui, le français est non seulement la langue numériquement la plus parlée comme langue maternelle mais il sert aussi de langue véhiculaire aussi bien chez les Mélanésiens qu'entre les diverses ethnies du Territoires. Le pluriethnisme de la population calédonienne, la multiplicité de nouveaux immigrants, le statut de langue officielle qui lui est conféré...renforcement son statut de langue commune et favorisent sa diffusion (Turcotte, 18).

    La connaissance du français est largement répandue chez la grande majorité des Mélanésiens depuis déjà quelques décennies. Même dans l'église il parait d'exister une forte croissance de l'attachement à la langue française. La disparition des vieux curés, qui connaissaient toutes les langues de leur faculté linguistique, conduit de plus en plus à favoriser la célébration des offices religieux en français. Pourtant, la dispersion géographique des Mélanésiens en tribus a posé des problèmes aux mouvements d'évangélisation et à la scolarisation. Ces régions les plus isolées ont moins de contacts avec les institutions du territoires, ainsi que ses régions ont: "en quelque sorte favorisé une certaine de créolisation du français..." (Turcotte, 19).

    Malgré les progrès du français, les Mélanésiens tienne beaucoup au maintien de leurs langues. La tribu ou le village semble constituer un milieu propice à la préservation de la langue mélanésienne: "En tribu, il est rare que les parents s'adressent à leurs enfants en français tandis que dans les centres urbains ce phénomène s'observe plus fréquemment" (Turcotte, 19). Les linguistes ont noté que le "polyglottisme" est assez courant chez les Mélanésiens et qu'il n'est pas rare de trouver des autochtones parlant quatre langues mélanésiennes en plus du français.

    La politique linguistique de la Nouvelle-Calédonie repose essentiellement sur la langue française qui a valeur de langue officielle, c'est-à-dire de langue de travail utilisée par les institutions publiques relevant aussi bien du Territoire que de l'Etat. Quoique cette politique n'est guère spécifiée dans les textes du Territoire, elle s'inscrirait plutôt dans la réalité des faits. Par exemple; l'enseignement en Nouvelle-Calédonie se donne entièrement en langue française, de la maternelle à l'enseignement supérieur. Le système d'enseignement calédonien est basé sur le système du Métropole, ce qui tient à des considérations politiques, juridiques et financières. La contribution financière de la Métropole demeure également importante, jusqu'à la moitié de tous les dépenses publiques afférentes à l'éducation. L'usage obligatoire du français dans l'enseignement calédonien vient du décret du 22 mars 1919 qui stipule que: "Les écoles indigènes sont destinées à propager l'usage du français parmi les indigènes et les initier à la pratique d'un métier. Elles sont donc surtout des écoles de langage et d'apprentissage" (Turcotte, 23). Aujourd'hui, les langues vernaculaires sont enseignées comme matières au programme.

    Dans d'autres domaines, l'usage de la langue française est également centrale. La radiodiffusion et la télévision sont toutes diffusées en français est elle sont de la compétence de l'Etat. La presse écrite calédonienne est bien vaste, laissée entièrement à l'initiative privée. La grande variété de ses titres peut être étonnant pour un marché aussi étroit: "A l'automne 1989, on dénombrait deux quotidiens, trois hebdomadaires, deux mensuels, deux bimestriels, et deux trimestriels, toutes les autres publications paraissant de façon irrégulière" (Turcotte, 27). Dans les domaines de l'etat, ce qui comprend la justice, la gendarmerie nationale, la police d'état et les institutions politiques, puisque la Nouvelle-Calédonie est une territoire française, la langue officielle est le français. Ainsi, l'usage du français est un élément intégral à la société calédonienne.

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Tensions contemporaines

    Dans les années 1980, le monde a témoigné les confrontations extraordinaires en Nouvelle-Calédonie. Les crises des otages, des assassinats, et des blocus ont caractérisé cette décennie de terreur et de lutte politique. La dispute indépendantiste entre les deux partis politiques de l'île, le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) et le parti Gaulliste (RPCR), a lancé l'île dans une polémique énorme. L'accord Matignon de 1988 fut signé par les dirigeants de ces deux partis politiques et le gouvernement français. Ce premier accord a été beaucoup critiqué par tous les côtés, et il a mené l'assassinat du chef politique du FLNKS, Jean-Marie Tjibaou (Aldrich, 254). L'accord Matignon a fixé la date du 31 décembre 1998 pour avoir un référendum sur l'association de l'île avec la France. Cette date a été gardé puisque le 21 décembre 1998 l'Assemblée nationale de la Nouvelle-Calédonie a adopté un loi qui donnait de préférence à l'emploi aux citoyens calédoniens et qui a spécifié l'association de l'île avec la France et avec l'Union Européenne. Après avoir évoqué les dix années écoulées depuis la conclusion des accords de Matignon, le député du RPR Pierre Frogier a plaidé: "la paix appelle la paix" (Saux, 1). Contre l'avis du gouvernement, l'Assemblée a toutefois exclus que l'Etat puisse se dessaisir du contrôle budgétaire tant que la Nouvelle-Calédonie restera dans la République. Elle a aussi obtenu que la chambre territoriale des comptes publié un rapport annuel et que les lois de pays, qui auront une valeur législative, soient soumises préalablement au Conseil d'Etat et non pas seulement au tribunal administratif. Cette volonté de rester dans la République française s'explique par le fait que la Nouvelle-Calédonie bénéficie de plus de 4 milliards de francs financiers. Puisque cette résolution qui maintient le statu de l'île avec le Métropole ne signifie pas l'indépendance, le débat sur le futur de la Nouvelle-Calédonie continuera dans les circules indépendantistes.

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Conclusion

    Ainsi, comme nous avons analysé, la Nouvelle-Calédonie est une Territoire avec beaucoup de potentiel. Une île francophone importante dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie a une longue histoire coloniale avec l'hexagone et pour l'instant, elle a décidé de continuer "sous les ailes de la France". Cependant, la Nouvelle-Calédonie devra faire face aux mouvements indépendantistes qui restent toujours actifs dans sa population. Une île qui tient des ressources naturelles immenses, le développement de l'économie calédonienne continuera dans le prochain siècle. L'usage de la langue française comme élément unificateur dans une société hétérogène restera importante dans la Territoire au cause de sa relation proche avec la France et son histoire comme île francophone. L'heure coloniale s'est finalement terminée et la Nouvelle-Calédonie s'est tourné vers le futur. Bien qu'il y ait des défis, les possibilités pour cette île abondent.
 
 


Bibliographie


 








Aldrich, Robert. France and the South Pacific since 1940. Honolulu: University of Hawaii Press, 1993.

"New Caledonia - History & Government" World Travel Guide. Columbus Press, 1999. www.wtgonline.com/data/ncl/ncl580.asp

"New Caledonia - general" World Travel Guide. Columbus Press, 1999.
www.wtgonline.com/data/ncl/ncl.asp

Nisbet, Anne-Marie. Littérature Néo-Calédonienne. Québec: Editions Naaman de Sherbrooke, 1985.

Saux, Jean Louis. Le Monde. "Les députés adoptent à l'unanimité le statut de la Nouvelle-Calédonie." le 23 décembre 1998, p. 1.

Turcotte, Denis. Composition ethnique et politique linguistique en Nouvelle-Calédonie. Québec: Centre international de recherche sur le bilinguisme, 1982.

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